Résolution du MJS au CN du 20 et 21 juin :
Les sociaux-démocrates, et notamment les socialistes français, ont subi le 7 juin 2009 une lourde
défaite aux élections européennes, et ce dans la grande majorité des 27 pays membres.
Partout, l’abstention a été forte, approchant les 60 % des électeurs inscrits. Les peuples
européens, en particulier les classes populaires et les jeunes, ont voulu signifier par-là leur rejet
d’une Europe perçue comme peu démocratique, libérale et insuffisamment protectrice face à la
crise économique et sociale.
Alors que celle-ci montre l’échec du modèle néolibéral, les sociaux-démocrates n’ont pas su
incarner une alternative transformatrice face à la droite, celle-ci ayant su se donner d’elle même
une image de pragmatisme face à la crise.
Il est vrai que depuis les années 1980, dans un contexte de mondialisation des échanges et de
financiarisation, les sociaux-démocrates ont le plus souvent accompagné le néolibéralisme,
participant à l’affaiblissement de la puissance publique face aux forces du marché. Les mains
d'œuvre ont été mises en concurrence, le chômage et les bas salaires sont devenus la norme, alors
que l’Europe sociale n’a pas progressé.
A cette explication en terme d’orientation on peut ajouter qu’en France le Parti Socialiste en tant
que tel a été sanctionné par les électeurs de gauche qui se sont déplacés, puisque ses listes sont
talonnées par celles d’Europe Ecologie. Il paye ainsi une image déplorable, accentuée
complaisamment par les médias dominants. Alors que beaucoup de nos concitoyens subissent de
plein fouet la crise, alors que les mouvements sociaux se sont multipliés dans maints secteurs, le
parti socialiste semble bien plus préoccupée par ses enjeux d’appareil, par les luttes de personnes
et les arrières pensées autour des futures ambitions. Comment en effet confier aux socialistes la
gestion de l’intérêt général, alors que l’individualisme semble la règle au sein de notre famille ?
Même s’il est indéniable que la sensibilité écologique progresse dans la société, les listes Europe
écologie ont incarné un contre-modèle crédible face aux turpitudes du Parti socialiste. Les trois
leaders écologistes, malgré leurs différences, sont apparus comme des résistants face aux attaques
de la droite contre la société.
Néanmoins, ce scrutin règle le débat sur les alliances à gauche, puisque les listes du centre-droit
représentées du Modem ont obtenu des scores largement en-dessous des prévisions. Aussi, la
gauche, avec 46 % des voix, est largement majoritaire face à la droite. Cette dernière remporte
donc une victoire toute relative.
L’avenir de la famille socialiste se situe ainsi à gauche. Le sursaut est plus que jamais
indispensable, au risque de disparaitre et de permettre à la droite de mener sa politique
néolibérale durant des décennies.
Le MJS assumera son rôle. Nous refusons que notre génération soit celle du renoncement face au
sombre avenir qui nous attend. L’ensemble de la gauche, politique, syndicale, associative, doit être
réunie d’urgence pour discuter de l’orientation à mettre en œuvre pour construire un modèle
alternatif au néolibéralisme. Partout, à l’échelle nationale comme au sein des fédérations,
nous prendrons l’initiative de lancer des états-généraux, des assises, autour du projet à
édifier.
Ce processus de rassemblement ne pourra réussir que s’il est axé sur une dynamique politique
forte, loin des gadgets médiatiques et de la concurrence entre personnalités.
La feuille de route stratégique, conséquence de ce processus politique, doit être la présentation
d’un front le plus uni possible pour les échéances de 2012.
Celle-ci doit avoir comme objectif d’aboutir à des candidatures uniques de toute la gauche
aux législatives, comme à la présidentielle.
Parce que nous ne pouvons pas construire l’unité au niveau national avec nos partenaires sans la faire au niveau régional, la stratégie nationale des socialistes dans toutes les régions doit être de constituer des listes d’union de toute la gauche, excluant de faite toute alliance avec le Modem.
Notre responsabilité est historique, en ce temps de crise, d’où le pire comme le meilleur peut
surgir.
Le Mouvement des Jeunes Socialistes appelle ses ainés au sursaut. Des millions de salariés et de
jeunes attendent de nous de retrouver le chemin du progrès.